donderdag, oktober 25, 2012

Le vicaire général du diocèse de Goma exprime son émotion face aux conditions dans lesquelles vivent les habitants de la région.

 Le vicaire général du diocèse de Goma exprime son émotion face aux conditions dans lesquelles vivent les habitants de la région. 
« Bouleversé par les conditions épouvantables dans lesquelles vivent presque toutes les personnes ici, depuis des années, il m’arrive de me demander si Dieu existe encore. Je lui dis souvent : “Tu es du côté des plus pauvres, des plus petits. Dieu d’Amour, je sais que Tu es au plus près des plus faibles. Mais, parfois, j’ai du mal à Te reconnaître. J’espère que Tu vois tout ce qui se passe dans cette région et qu’un jour Tu vas agir pour ces gens qui t’implorent, pour ces innocents livrés entre les mains de tant de bourreaux.” Je n’ai pas perdu la foi, mais il m’arrive de douter, oui. En même temps, que fait la communauté internationale pour soulager la douleur de ce peuple ? Est-elle ignorante, indifférente ou complice ? Et la Monusco ? Malgré toute sa puissance, son matériel, ses chars, ses hélicoptères, ses milliers d’hommes suréquipés… on assassine des gens devant elle sans qu’elle intervienne. Il y a de quoi perdre la raison. »
 
Laurent Larcher, à Goma 
Goma redoute de tomber aux mains des rebelles

-Chef-lieu du Nord-Kivu, Goma vit dans la psychose des attentats.
- Les rebelles du M23, qui campent à 30 km à peine, menacent de prendre la ville.

À Goma, les attentats sont quasi quotidiens. Ce jour-là, un individu vient de lancer une grenade devant un salon de coiffure, la Maison de Chicago, qui jouxte l’hôtel Jola. Le bilan des secours est d’un mort et d’une vingtaine de blessés. « Depuis mi-septembre, nous sommes visés, aveuglément, témoigne Cédric, 17 ans, un voisin de la Maison de Chicago. Cette fois, c’est notre quartier. Et puis demain ? Nous avons de plus en plus peur de ces attaques aveugles. »

les casques bleus de l’ONU semblent impuissants

Elles ne sont pas revendiquées. La police, l’armée, les casques bleus de l’ONU semblent bien impuissants devant cette nouvelle menace. Les bérets rouges de la garde républicaine, chargés de sécuriser le quartier, sont très impopulaires dans la population. « Ils entrent dans nos maisons, volent nos biens et nos téléphones et prennent notre argent, accuse Cédric. Dès qu’ils viennent, tout le monde fuit. Alors que faire ? Partir ! Mais pour aller où ? »
 
Salvador, un habitant de ce quartier populaire, affirme qu’une deuxième grenade, qui n’a pas explosé, a été découverte sur les lieux de l’attentat. « Avant, on se levait tous les matins à Goma en se disant : vais-je pouvoir me nourrir et ne pas tomber malade ? lance-t-il. Maintenant, nous nous demandons d’abord : est-ce ma dernière journée ? »

la rébellion ne campe qu’à une trentaine de kilomètres de Goma

À la menace de ces attentats s’ajoute celle de la prise de la ville par le M23. Depuis le début du mois d’octobre, le mouvement menace de s’emparer de Goma, affirmant vouloir « protéger la population des attentats aveugles » . Une menace encore renouvelée la semaine dernière. À Bunagana et à Rutshuru, les deux principales villes occupées par la rébellion, le discours est sans équivoque parmi les soldats, les officiers, les politiques : « Nous nous préparons à prendre la ville », répètent-ils. Pour l’heure, la rébellion ne campe qu’à une trentaine de kilomètres de Goma.
Le dispositif déployé pour protéger la ville, chef-lieu du Nord-Kivu, par l’armée congolaise n’est pas impressionnant. Pour un mouvement militaire bien organisé et bénéficiant de soutiens extérieurs, dont celui du Rwanda, tout proche, prendre cette ville ne semble pas très compliqué.

l’ONU recule devant les troupes du M23

Sur la « zone neutre » entre les deux pays, une rue sépare Goma la Congolaise et Gisenyi la Rwandaise : ici, les deux villes, les deux pays s’imbriquent l’un dans l’autre. Une colonne de soldats pourrait entrer à Goma et occuper rapidement le centre-ville. « Toutes les nuits ou presque, des convois, des voitures, des trafiquants passent de Goma à Gisenyi par ma rue », témoigne Odette, une Congolaise dont la maison fait face à Gisenyi.
Reste une inconnue de taille : l’attitude de la Mission des Nations unies pour la sécurisation du Congo (Monusco). Officiellement, les forces de l’ONU ont annoncé qu’elles défendraient la ville. En pratique, elles ont reculé, jusque-là, devant les troupes du M23 qui se sont emparées de plusieurs villages.

« Murgee tu na maombi »

Pour la rébellion, prendre Goma, c’est la première étape qui doit les conduire, 2 200 km plus loin, à Kinshasa, la capitale. En attendant, la vie à Goma s’arrête à la nuit tombante, à 18 heures. « On s’enferme chez soi et l’on se dit entre nous en swahili : “Murgee tu na maombi”, il n’y a que Dieu qui puisse changer la situation en réponse à nos prières », témoigne Taylor, un habitant de Goma d’une quarantaine d’années.

Laurent Larcher, à GOMA

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