Par Ghita Ismaili
L’affaire du ressortissant espagnol, condamné au Maroc à 30 ans de prison pour les viols de 11 enfants avant d’être gracié ce mardi par le roi, continue de faire scandale au Maroc. Pendant que le débat s’amplifie sur les réseaux sociaux, d’autres voix s’élèvent contre les autorités marocaines, accusées d’avoir laissé filer un pédophile de plus de ses prisons. Retour sur les affaires similaires qui ont marqué les esprits des Marocains ces dernières années.
La grâce royale accordée à Daniel Galvan Viña, le pédophile espagnol condamné en 2011 pour viol sur 11 enfants marocains, fait toujours polémique. Pendant que l’opinion publique marocaine s’interroge sur le ou les responsables directs derrière ce scandale, un appel à manifester ce vendredi soir devant le parlement à Rabat, rassemble de plus en plus de participants sur les réseaux sociaux. A l’heure actuelle, ils sont plus de 20 000 personnes à avoir confirmé sur Facebook leur participation. Une forte mobilisation pour une affaire pas comme les autres. Et pourtant, le Maroc a eu son lot de scandales en la matière.
Calvez Yvon Guillaume Albert
Le dernier en date est celui de Calvez Yvon Guillaume Albert, un journaliste français âgé d’une soixantaine d’années, reconnu coupable en mai dernier de pédophilie au Maroc. L’affaire remonte à 2010 lorsque la grand-mère d’une petite fille âgée de moins de 7 ans va voir la police pour dénoncer un viol. Au cours de l’enquête, il s’avèrera alors que l’homme dirigeait un réseau de pédophilie depuis sa résidence à Casablanca, avec l’aide de deux jeunes femmes marocaines qui travaillaient pour lui comme femmes de ménage.
En réalité, celles-ci lui fournissaient régulièrement des fillettes âgées de 10 ans en moyenne. Certains viols étaient même filmés. Il sera finalement condamné, en mai 2013, à 12 ans de prison et 60 000 dirhams d’amende. Un peu plus tôt, c’est une affaire d’une plus grande envergure qui faisant la une des journaux. Si la justice marocaine a été plutôt sévère avec Calvez Yvon Guillaume Albert, qui purge actuellement sa peine au Maroc, ce n’est pas le cas pour tout le monde.
Jacques-Henri Soumère
Jacques-Henri Soumère, patron de l’opéra de Massy et ancien directeur du théâtre Mogador à Paris, avait, en 2006, été surpris en flagrant délit de pédophilie avec deux jeunes garçons mineurs à Marrakech. Des cassettes pornographiques avaient également été saisies par la police marocaine sur les lieux. Le tribunal de première instance de la ville ocre avait pourtant été très clément avec lui.
Le « flagrant délit » avéré en premier lieu, a vite été remis en question et le Français, reconnu coupable d’homosexualité seulement, n’a, en effet, écopé que de quatre mois de prison avec sursis et 500 dirhams d’amende. L’un des deux garçons, retrouvés chez lui lors de l’intervention de la police, était pourtant un lycéen de 16 ans. Dans le procès verbal de la police, il racontait avoir pris contact avec Soumère sur internet. Soumère, lui, soutenait que « la victime lui avait rendu visite pour un entretien d’embauche ». L’affaire a vite été enterrée par la justice marocaine pour que Soumère reparte chez lu, les mains libres, en France.
Philippe Servaty
Philippe Servaty, alias le pornographe d’Agadir, avait lui aussi bénéficié d’un traitement de faveur de la part de la justice. L’ex-journaliste belge, âgé aujourd’hui de 48 ans, venaient fréquemment au Maroc entre 2001 et 2004. A Agadir notamment, il abordait souvent des adolescentes issues de milieux très pauvres et leur promettait une vie meilleure. Il arrivait facilement à les convaincre de se laisser prendre en photo nues, dans des positions choquantes, voire dégradantes, avant de diffuser les images sur le web.
Certaines photos et vidéos se sont même retrouvées en vente chez des vendeurs de Dvds et de cédéroms. L’une des filles filmées est alors reconnue. Déshonorée, elle décide de porter plainte. Elle est les autres filles identifiées par la police sont rapidement arrêtées et placées derrière les barreaux pour « incitation à des relations sexuelles hors mariages ».
Philippe Servaty, lui, n’a été jugé qu’en février dernier, en Belgique. Il a été reconnu coupable, par le tribunal correctionnel de Bruxelles, de « débauche ou prostitution de mineur, traitement dégradant et exposition et distribution d'images pornographiques ». « Il est facile de venir au Maroc avec un statut d’occidental bourgeois et un pouvoir d’achat élevé pour séduire, tromper ou abuser des jeunes filles qui, selon Philippe Servaty lui-même, vivent dans une précarité affective et sociale », regrettait alors Maitre Isa Gultaslar, l’avocat des parties civiles. Finalement la justice belge le fera condamner à 18 mois de prison seulement avec sursis.
Une justice lente, des verdicts surprenants par leur clémence, des interventions politiques, des fuites organisées ont trop souvent donné l'impression que la pédophilie au Maroc était tolérée ou excusée quand l'auteur était étranger. Si une lueur d'espoir avait été donnée avec le verdict historique dans l'affaire du pédophile de Kenitra, la grâce royale est venue souffler cette fragile flamme de bougie.
Pédophilie : Un ex-ministre français en cavale ?
La justice marocaine aurait-elle laissé filer un présumé ministre français pédophile sans qu’il ne soit poursuivi ? Pour rappel, en mai 2011, Luc Ferry, lui-même ancien ministre de l’Education, avait affirmé sur le plateau de télévision du Grand Journal qu’un « ancien ministre » s’était « fait poisser à Marrakech dans une partouze avec des petits garçons », affirmant qu’il tenait l’information des « plus hautes autorités de l'Etat ». Mais depuis rien n’a été fait.
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